Étudiant de la très renommée Llotja, Gérard Mas se spécialise en sculpture sur pierre à l’École supérieure de conservation et de restauration du patrimoine culturel de Catalogne. Il combine alors brillamment son travail de restauration ornementale des monuments historiques avec la préparation de ses premières expositions.
Qu’est-ce qu’être artiste selon Gérard Mas ?
J’ai pensé l’être lorsque j’ai commencé à vivre de mon art. Finalement, j’ai aimé cette étiquette et j’ai fini par y croire.
Quel bâtiment célèbre avez-vous restauré ?
Les bâtiments les plus intéressants pour un sculpteur ne sont pas forcément les plus connus. J’ai travaillé sur des édifices catalans comme les maisons de style moderniste – la Casa Granell, la Casa de les Punxes ou La Pedrera de Gaudí. Je suis aussi intervenu sur La collégiale basilique de Sainte-Maríe dite La Seu, à Manresa. Sa construction s’est étendue de 1322 à 1371. L’architecture gothique me fascine, elle est vibrante et magique, chargée de symboles.
Quel courant artistique vous influence ?
J’adore l’art égyptien, en particulier la sculpture. Je suis obsédé par le trésor de Toutankhamon depuis mon enfance. La transition de l’art gothique vers la Renaissance avec l’invention de la peinture à l’huile et les génies comme Van Eyck et plus tard, Mabuse ou Dürer me laissent sans voix. C’est sublime. Les portraits du Quattrocento italien m’ont beaucoup influencé et les mouvements du XXe siècle, comme le dadaïsme ou les nouvelles figures proches de la pop, m’ont façonné en tant qu’artiste.
Quel est votre artiste préféré ? Hier, aujourd’hui ?
Difficile de n’en citer qu’un, mais peut-être Dürer pour hier et le très actuel peintre Catalan Perejaume, pour la poésie visuelle et pleine d’humour qui se dégage de son œuvre.
Dans quelle mesure vos travaux de restauration ont inspiré votre art actuel ?
En tant que restaurateur, sculpteur et tailleur de pierre, j’ai une relation particulière et inhabituelle avec les œuvres d’art. Mon métier m’a obligé à comprendre et à pratiquer les techniques anciennes. Je suis impressionné par les travaux de pierre que l’être humain a su réaliser tout au long de son histoire. Je regrette parfois de penser que les grands artistes du passé n’ont jamais eu la liberté de création. J’aime utiliser les techniques traditionnelles pour raconter des choses qui n’ont rien à voir avec le répertoire esthétique de leur époque.


Quel support utilisez-vous ?
Je travaille habituellement avec de l’albâtre, du bois, du marbre, de la résine polychrome et parfois du bronze, mais j’utilise de l’argile, du fer, du plâtre, du silicium pendant le processus de réalisation. Le marbre blanc m’amène à la statuaire classique, le marbre rose à la représentation des bébés et ces dames de la Renaissance à la peau blanche et translucide sont en albâtre. Peut-être qu’à l’avenir, l’utilisation d’un autre nouveau matériau me conduira à un sujet que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Qui sait ?
Combien d’heures de travail sont nécessaires à la création de vos sculptures ?
Tout dépend du processus de création et du support. Pour une pièce de taille moyenne, au minimum deux mois, entre les maquettes, le modelage en argile, la sculpture et la peinture.
Vous préparez une nouvelle exposition à Barcelone.
Parmi les œuvres que j’exposerai, sera présentée la Madonna del Frenchie, la sculpture gothique d’une jeune fille enlaçant un bouledogue français. J’aimerais qu’elle ait cette aura de préciosité et de mystère de l’art gothique.
©Gérad Mas / Vanessa Miralles
www.gerardmas.com